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Définition et symptômes de l’Insuffisance cardiaque
Publié par Cyril Grither le 20 février 2024
A propos du cœur
Le cœur est un organe creux, localisé au niveau du thorax, entre les poumons et reposant sur
le diaphragme. Sa fonction est de propulser le sang vers tous les organes de l’organisme.
Il pompe près de 5 litres de sang par minute, et il battra environ 3 milliards de fois au cours
d’une vie. Cet organe est divisé en 4 cavités :
• 2 cavités supérieures, les oreillettes droite et gauche séparées par le septum inter
auriculaire.
• 2 cavités inférieures, les ventricules droit et gauche séparés par le septum
interventriculaire.
Les oreillettes communiquent avec les ventricules via les orifices auriculo-ventriculaires. Le
cœur droit est composé d’une oreillette et d’un ventricule droits communiquant par
l’orifice tricuspide. Le cœur gauche est constitué d’une oreillette et d’un ventricule
gauche communiquant par l’orifice mitral.
Le rythme cardiaque est permis grâce à 3 grandes phases :
• Une phase de relaxation appelée diastole permettant le remplissage des cavités
cardiaques par le sang ;
• Une phase de contraction ditesystole qui se caractérise par une augmentation de la
pression intra-cavitaire ;
• Une phase d’éjection du sang dans le réseau circulatoire.
Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?
L’insuffisance cardiaque correspond à l’incapacité du cœur à assurer un débit sanguin
suffisant pour satisfaire les besoins des différents organes de l’organisme. Il s’agit d’une
altération de la « fonction de pompe » du cœur qui se traduit par un débit sanguin abaissé,
des pressions sanguines basses, une accumulation de fluide avec des pressions élevées en
amont.
L’insuffisance cardiaque peut concerner de manière prédominante :
• le cœur gauche, on parle alors d’insuffisance cardiaque gauche
• le cœur droit, on parle alors d’insuffisance cardiaque droite
Cette affection peut survenir brutalement, ce qui définit l’insuffisance aigue (à l’issue
d’une endocardite , d’une insuffisance mitrale par rupture de cordage ou d’un infarctus du
myocarde ), ou faire intervenir un processus à évolution lente, c’est l’insuffisance cardiaque
chronique.
Deux grands types de dysfonction se distinguent :
• L’insuffisance cardiaque à dysfonction systolique correspondant à une réduction de la
capacité contractile du cœur et donc de l’éjection du sang.
• L’insuffisance cardiaque à dysfonction diastolique se traduisant par des anomalies de
relaxation des ventricules ce qui altère leurs remplissages qui sera ralenti ou
incomplet.
À savoir ! La précharge représente le volume sanguin télédiastolique (à la fin de la diastole)
du ventricule destiné à être éjecté lors de la systole. La postcharge est la force s’opposant à
l’éjection du sang par le ventricule ; le cœur gauche pompe contre la pression artérielle
systémique tandis que le cœur droit pompe contre la pression artérielle pulmonaire
Une insuffisance cardiaque peut être engendrée par :
1. Un obstacle à l’éjection du sang par le ventricule. On parle d’augmentation de la
postcharge qui se traduira plutôt par une hypertrophie du ventricule. Par
exemple, lors d’un rétrécissement aortique ou bien lors de cardiomyopathies
hypertensives.
Concernant le cœur droit, l’hypertension artérielle pulmonaire est une cause
importante d’insuffisance cardiaque droite par augmentation de la postcharge. C’est
une maladie vasculaire grave, caractérisée par une augmentation des résistances
artérielles pulmonaires.
2. Une augmentation du volume de sang dans le ventricule au moment de l’éjection
correspondant à l’augmentation de la précharge. Ceci entraîne majoritairement une
dilatation du ventricule. Par exemple, en cas d’insuffisance mitrale (reflux de sang
dans l’oreillette gauche), d’insuffisance aortique (reflux de sang dans le ventricule
gauche), ou d’une insuffisance tricuspidienne (reflux de sang dans le ventricule droit)
concernant le cœur droit.
3. Une atteinte des fibres musculaires et de la capacité du myocarde à se contracter.
Cette atteinte se traduit le plus souvent par une dilatation du ventricule. Notamment,
au niveau du cœur gauche et droit lors d’un infarctus du myocarde : après un infarctus
du myocarde, certaines zones du cœur sont devenues inefficaces et se contractent mal
et lors d’une cardiomyopathie du ventricule gauche ou droit.
4. Difficultés de remplissage des ventricules comme lors d’une cardiomyopathie
hypertrophique.
La dilatation du myocarde est fréquemment associée à une réduction de la capacité contractile
(dysfonction systolique) alors que l’hypertrophie est classiquement reliée à une difficulté de
la relaxation et/ou du remplissage des ventricules (dysfonction diastolique). Il s’agit la
plupart du temps d’un continuum avec coexistence d’hypertrophie et de dilatation
correspondant au remodelage du myocarde. Ce remodelage correspond à l’un des
phénomènes adaptatifs et compensateurs mis en place par le myocarde ; phénomène qui à
terme sera dépassé et deviendra délétère pour le fonctionnement du cœur.
Symptômes d’une insuffisance cardiaque
En cas d’insuffisance cardiaque gauche :
En amont du ventricule gauche, une élévation des pressions dans l’oreillette gauche puis dans
les capillaires pulmonaires produit un passage de liquide (issu du sang) vers les alvéoles
pulmonaires entraînant des difficultés respiratoires brutales à type de dyspnée (essoufflement)
avec l’apparition d’expectorations mousseuses et rosées concrétisant le tableau d’œdème aigu
du poumon.
Plusieurs stades de dyspnée existent selon la classification NYHA (New York Heart
Association) :
1. Stade I : dyspnée pour des efforts inhabituels importants, aucune gêne dans la vie
courante
2. Stade II : dyspnée pour des efforts importants de la vie courante
3. Stade III : dyspnée pour des efforts modestes de la vie courante
4. Stade IV : dyspnée permanente de repos
Les patients peuvent également avoir du mal à dormir en position couchée car la dyspnée
s’accentue. On parle alors d’orthopnée, cotée par le nombre d’oreillers utilisés par le patient
pour se surélever en position semi-assise, diminuant ainsi le retour veineux et donc la
précharge.
Des signes d’asthme cardiaque peuvent apparaître correspondant à un ralentissement du
rythme respiratoire (ou bradypnée) à prédominance expiratoire.
En aval du ventricule gauche, la diminution de débit sanguin (soit le déficit d’irrigation des
différents organes) est à l’origine d’une asthénie (ou grande fatigue), une hypotension,
une insuffisance rénale (avec oligurie : diminution du volume d’urine) ou encore
des troubles de la fonction cognitive.
En cas d’insuffisance cardiaque droite
En cas d’insuffisance cardiaque droite, les manifestations cliniques sont dues à:
1. Une stase veineuse (stagnation du sang au niveau des veines) qui se présente par des
Œdèmes des membres inférieurs, une ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen), une
hépatomégalie et une hépatalgie (pesanteur ressentie au niveau du foie), turgescence
jugulaire (gonflement de la veine jugulaire), une stase rénale, et des épanchements
pleuraux (présence de liquide entre les feuillets de la plèvre).
2. Un bas débit qui se traduit par une intolérance à l’effort et dyspnée.
Diagnostic et traitement de l’insuffisance cardiaque
Quel diagnostic ?
Après l’examen des signes cliniques du patient, le médecin pourra prescrire un ensemble
d’explorations dont les principales sont celles qui suivent :
1. L’électrocardiogramme(ECG) permet de mettre en évidence des troubles du rythme
ou de la conduction, des signes d’hypertrophie ventriculaire gauche ou encore des
séquelles d’infarctus ;
2. La radiographie pulmonaire permet de mettre en évidence une cardiomégalie
(augmentation de la taille du cœur), des signes de stase pulmonaire (œdème alvéolaire)
ou encore des épanchements pleuraux ;
3. L’échocardiographie permet notamment d’évaluer la fonction systolique avec le
paramètre clé qu’est la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) ; une
dysfonction systolique apparaîtra pour des valeurs de FEVG < 45%. La fonction
diastolique est investiguée en mesurant notamment les pressions de remplissage des
ventricules ;
4. Examen biologique : On mesure principalement le taux de facteur natriurétique de
type B ou BNP. Le BNP est un peptide synthétisé par les myocytes des ventricules
cardiaques lors de l’élévation des pressions ventriculaires gauches et de l’étirement
des cardiomyocytes. Son élévation dans le sang est un marqueur de l’insuffisance
cardiaque Un BNP inférieur à 100 pg/mL permet d’éliminer avec une grande
probabilité le diagnostic d’insuffisance cardiaque. En revanche, ce diagnostic est très
probable lorsque le BNP est supérieur à 400 pg/mL.
Quel traitement ?
Les premières mesures à adopter après le diagnostic d’une insuffisance cardiaque sont
hygiéno-diététiques :
1. Éviter toute automédication, plus particulièrement les anti-inflammatoires non
stéroïdiens ;
2. Diminuer la consommation de sel;
3. Limiter la consommation d’aliments riches en sel (charcuterie, fromages, pain,
conserves, etc..) et certains médicaments (formes effervescentes…) ;
4. Adopter un régime méditerranéen en équilibrant la balance calorique ;
5. Supprimer la consommation d’alcool;
6. Réduire les facteurs de risque cardiovasculaire (équilibration du diabète, contrôle
des dyslipidémies, de l’hypertension artérielle, sevrage tabagique…)
7. Contrôler son poids;
8. Pratiquer une activité physique adaptée à ses possibilités et ses préférences, en
accord avec son médecin ;
9. Se faire vacciner : le vaccin antigrippale tous les ans et le vaccin antipneumoccocique
tous les 5 ans car les infections respiratoires sont des facteurs déclenchants de
décompensation cardiaque.
Le traitement de l’insuffisance cardiaque repose sur le traitement de sa cause et des
facteurs favorisants une décompensation.
Les traitements de l’insuffisance cardiaque ont pour objectif de faciliter le travail du cœur, en
diminuant le volume de sang à éjecter à chaque systole (précharge) ou la résistance à
l’éjection (postcharge). Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), des Sartans
(inhibiteur des récepteurs à l’angiotensine II) ou encore des diurétiques sont les principaux
traitements de l’insuffisance cardiaque.
Les IEC sont prescrits en première intention chez tous les patients présentant une
dysfonction systolique. Ils améliorent la survie, les symptômes et réduisent les
hospitalisations. En cas de mauvaise tolérance aux IEC, pouvant se manifester notamment par
une toux sèche, les Sartans représentent une alternative thérapeutique.
Les diurétiques quant à eux sont principalement prescrits à visée symptomatique pour réduire
la dyspnée ou les œdèmes plus particulièrement en cas de décompensation cardiaque.
Les antagonistes des récepteurs à l’aldostérone ont démontré leur efficacité sur la réduction de
la mortalité en post-infarctus compliqué d’insuffisance cardiaque avec dysfonction
systolique gauche ou chez des insuffisants cardiaques modérés à sévères, en complément des
traitements standard par IEC et β-bloquant.
La transplantation cardiaque est indiquée chez des sujets jeunes (‹ 65 ans) présentant
une insuffisance cardiaque sévère avec dysfonction ventriculaire gauche réfractaire aux
traitements médicamenteux. Le problème majeur de cette alternative reste le manque de
greffons disponibles.
Plusieurs dispositifs médicaux peuvent soutenir le cœur au moyen d’impulsions électriques
pour maintenir un battement régulier et améliorer le fonctionnement cardiaque. C’est le cas
des stimulateurs cardiaques, des défibrillateurs automatiques, des assistances
circulatoires et plus récemment le cœur artificiel toujours en cours d’étude.
Publié le 22 décembre 2015. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 2 août
2021.
– Causes de l’insuffisance cardiaque chronique vidal.fr.
– Insuffisance cardiaque. has-sante.fr.